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Journal d'un hot liner fou
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3 septembre 2005

Un Toblerone, un Pepsi ou Bradbury ?

Quoique vu le titre des bouquins (exceptées les Fleurs du Mal), je doute trouver "Chroniques martiennes". Et c'est dommage, parce que moi, je m'y replonge dans ce bouquin... (tiré de libé.fr).


Le mercredi 24 août 2005 à 10 h 36, rue Saint-André-des-Arts à Paris, nous avons introduit deux euros dans un distributeur automatique, et quelques instants plus tard tombait dans le bac un exemplaire des Fleurs du mal. Rappelez-vous : «Ma pauvre muse, hélas ! qu'as-tu donc ce matin ?/Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes/Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint/La folie et l'horreur, froides et taciturnes».


Profitant de la torpeur estivale et de l'exode des Parisiens , un spécialiste du bouquin à bas prix (Maxi-Livres) a installé dans la capitale une demi-douzaine de distributeurs automatiques de livres. Le Parisien rentre de vacances, met deux sous dans le bastringue et attend sa barre chocolatée. Au lieu de quoi, c'est du Baudelaire qu'on lui fourgue. Il proteste. Il a tort. La distribution automatique de littérature est le signe que l'humanité continue d'embrasser l'avenir. La machine Sélecta est un nouvel horizon gorgé de chewing-gums, de capotes et de poésie. C'est la mer allée avec le soleil ! Car Maxi-Livres a choisi l'entreprise Sélecta pour la fournir en distributeurs. Les machines sont identiques à celles qui, dans les cafétérias, nous délivrent ces appétissants en-cas. Les marchandises sont insérées dans les spires d'un serpentin hélicoïdal en acier. La monnaie fait tourner le dispositif de telle sorte que les aliments soient relâchés dans le vide pour venir s'écraser quelques dizaines de centimètres plus bas. Toutefois, Maxi-Livres n'a pu se résigner à faire tomber la littérature de si haut. Son patron Xavier Chambon nous confie : «On veut que le livre soit respecté en tant que produit.» C'est pourquoi les distributeurs ont été complétés d'un petit ascenseur qui vient chercher les bouquins à l'étage où ils perchent, puis les ramène en douceur. Ce petit manège vaut presque à lui seul les deux balles qu'on cède à la machine. C'est en sus un bel hommage que Sélecta et Maxi-Livres rendent aux grands auteurs. Sur le flanc de l'ascenseur, ce slogan : «A consommer sans modération». Le fabricant de distributeurs avait conçu ce système pour éviter que les canettes de Coca, secouées par leur chute, ne pètent à la figure des clients. Finalement, il a laissé tomber, ignorant que bientôt la littérature viendrait réveiller la remarquable innovation.


Cette alliance de la poésie et de la technologie va enchanter tout notre automne. La machine de la rue Saint-André-des-Arts, plantée comme un épouvantail, écoulerait vingt-cinq bouquins par jour. Comme il en suffit de dix pour rentabiliser la machine, l'affaire paraît bien engagée. Le Livre du Wok et les 100 Bons Couscous font l'essentiel des ventes. «Je ne crois pas qu'il y ait une envie frénétique d'acheter les Fleurs du mal» observe le patron de Maxi-Livres, défricheur d'un avenir radieux.

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