Les 4 x 4 sont-ils de droite ? (première partie)
C'est le titre qu'avait un numéro du Monde 2 cet été, avec tout un dossier sur la pollution et le nombre récurrent de 4 x 4...
Voici donc la première partie de cet article... La seconde, dès que j'ai un peu de temps devant moi ...
Vous
n’aimez pas les 4x4 ? Alors autant vous prévenir : vous n’avez pas
finir d’en voir. Longtemps réticente, la France automobile s’est bel et
bien entichée de ces voitures souvent imposantes, quelque fois
colossales, dont les ventes ont quintuplé depuis 10 ans pour atteindre
5,1 % du marché.
A l’heure actuelle, plus de 1 million d’exemplaires circulent dans
l’hexagone. Le tout-terrain n’est plus la chasse gardée de quelques
marques historiques comme Jeep ou Land Rover. Pour leur plus grand
profit, BMW, Volkswagen et même Porsche s’y sont ralliées. Bientôt Alfa
Romeo, Fiat, Audi, Ford Europe et Jaguar feront de même. Les marques
françaises s’apprêtent à succomber à leur tour. En 2007, Peugeot et
Citroën lanceront un modèle conçu avec le Japonais Mitsubishi, alors
que Renault inaugurera un véhicule réalisé par sa filiale coréenne
Samsung. Et ce n’est qu’un début.
Le profil sociologique des acheteurs de 4 x 4 dessine une France plutôt
aisée, plus féminine que ne le laisserait supposer la réputation macho
de ces grosses voitures, et largement urbaine. C’est cette dernière
caractéristique qui pose problème. S’il était resté l’apanage du
gentleman-farmer, du chasseur ou du pêcheur, le 4 x 4 ferait seulement
hausser les épaules de ses détracteurs. Or ces voitures à vocation
utilitaire ou campagnarde se rassemblent désormais en troupeau dans les
grandes agglomérations. Voilà pourquoi l’essor des tout-terrains – en
particulier des versions XXL, qui représentent un tiers des ventes mais
occupent facilement 2 places de parking – inspire un sentiment de rejet
diffus mais exprimé en général avec véhémence. « Ces voitures n’ont
rien à faire en ville. Elles ne servent qu’à nous pourrir la vie et
vicier l’air qu’on respire » lance, des éclairs dans les yeux, une
enseignante des Hauts-De-Seine. "Je viens de passer une demi-heure
dans les embouteillages, bloqué derrière le pot d’échappement d’un
tout-terrain tellement haut que son conducteur ne devait même pas voir
ma petite bagnole dans son rétroviseur. Une horreur ! » accuse un
Parisien hors de lui. Qui n’a jamais entendu ce genre de récriminations
?
Les édiles prêtent une oreille de plus en plus compatissante à ce
lamento. A Londres le maire travailliste s’en est pris ouvertement «
aux tracteurs de Chelsea » qui prennent d’assaut sa ville. On signale
aussi quelques réactions de mauvaise humeur en Allemagne et en Italie.
Pour sa part le Conseil de Paris a adopté en juin 2004, sur proposition
des Verts, un souhait visant à interdire la circulation des 4x4 en cas
de pic de pollution de niveau 1 (seuil assez fréquemment franchi) et
leur exclusion du tarif de stationnement résidentiel. Le port
obligatoire d’un bonnet d’âne sous forme de vignette de couleur noire
était même envisagé. Comptable des règles de circulation dans la
capitale,la préfecture de police ne s’est pas montrée enthousiaste et
les élus parisiens de l’UMP ont hurlé à la « discrimination arbitraire
». Quand au projet de loi de l’ancien ministre de l’environnement Serge
Lepeltier visant à instaurer un système de bonus-malus pénalisant les
grosses cylindrées ( à commencer par les touts terrains les plus
puissants), il a fait long feu.. Pour l’heure, le 4x4 s’en sort indemne
mais ses pourfendeurs ne désarment pas.