Le monde à l'envers
Le pilote fait demi tour parce que son
avion a une avarie... et en plus il se fait virer !! Y'en a qui
manquent de bol.. (tiré du monde.fr)
Appliquer le principe de
précaution peut-il être un motif de licenciement ? Le commandant de
bord Peter Thys a tout lieu de le croire.
La compagnie aérienne turque
Fly Air l'a licencié, vendredi 26 août, deux jours après qu'il eut
"choisi la prudence", dit-il.
Mercredi 24 août, le commandant décide de revenir poser son A 300
d'urgence à Orly pour un problème électrique identifié quelques minutes
après le décollage. A 22 h 50, l'appareil est prêt à repartir, mais les
quelque 230 passagers en partance pour Djerba ont peur de remonter à
bord et passent une nuit à l'hôtel.
Par un courrier, daté du 26 août et envoyé par fax à l'intéressé, la
Fly Air précise, laconiquement :" Vous n'avez pas suivi les termes du
contrat. Vous n'avez pas suivi les procédures de la compagnie et les
devoirs assignés. Vous mettez la compagnie en difficulté financière."
M. Thys, lui, a une autre version. "Par téléphone, mon employeur m'a
dit que je posais toujours des problèmes", explique-t-il. Il est vrai
que sa réaction a déclenché pour la compagnie turque une succession
d'événements fâcheux. Dans la matinée du 25 août, les services français
de l'aviation civile inspectent l'appareil qui appartient à Fly Air
mais est affrété par la compagnie Karthago Airlines et décèlent une
fuite de carburant. L'avion sera immobilisé jusqu'au 26 août
après-midi. Ces mêmes agents français mettent Fly Air sous
surveillance. Ils contrôlent par surprise, le lendemain, un autre A 300
en provenance d'Antalya. Là encore, problème. Deux pneus ne sont pas
aux normes et certaines procédures d'exploitation ne sont pas
satisfaisantes. L'avion ne pourra repartir que le dimanche soir.
Le commandant de bord Thys a-t-il fait du zèle, le 24 août, en revenant
se poser à Orly ? "Une panne de générateur électrique ne constitue pas
un danger immédiat pour le vol, explique-t-il. Mais elle m'aurait
obligé à voler à plus basse altitude, ce qui consomme plus de
carburant. Je ne sais pas si j'en aurais eu assez jusqu'à Djerba en cas
d'autre aléa." "J'aurais fait la même chose", affirme, anonymement, un
commandant de bord, qui a volé 12 000 heures sur ce type d'appareil.
"L'avion est vieillissant. Cette panne n'était pas un 'no-go' [un
problème qui empêche l'avion de partir], mais c'est une décision de
prudence."
Commandant de bord sur un avion, le A 300 B4, qui n'est plus guère
utilisé en Europe de l'Ouest, M. Thys est désormais un pilote nomade
qui propose ses services à de petites sociétés utilisant cet ancien
modèle, comme Fly Air.
Il rentre jeudi 1er septembre à Athènes, son lieu d'attache, et ne
compte pas en rester là. "La compagnie Fly Air évite désormais la
France avec mon ancien avion, qu'elle a fait atterrir dès lundi à
l'aéroport milanais de Malpesa", précise-t-il. L'ENAC, l'autorité de
l'aviation civile italienne, confirme que cet avion, immatriculé TC
FLE, a bien été autorisé à atterrir, lundi 29 août, à 15 h 30.
Contactée, la compagnie Fly Air n'a pas voulu répondre à nos questions.