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Journal d'un hot liner fou
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29 janvier 2006

Dette... 2 ou la croissance par l'endettement

Pour une croissance plus dynamique, les Français doivent-ils s’endetter plus ? Pour la Banque de France, qui, de manière générale, n’aime pas la dette – qu’il s’agisse de celle des Etats ou de celle des particuliers – cela ne fait pas de doute. La réponse est non.

Dans son dernier bulletin mensuel, publié lundi 26 décembre, elle s’alarme que l’endettement des Français ait dépassé, à la mi-2005, le niveau sans précédent de 62 %de leur revenu disponible, contre près de 40 %en Italie et 100 %en Allemagne. Soit une augmentation, en l’espace de dix ans, de plus de 13 points, dont 5 points depuis fin 2003. Nombre d’éléments ont concouru à cette hausse : des taux d’intérêt très bas, des banques moins exigeantes, mais aussi des incitations fiscales mises en place par Nicolas Sarkozy, quand il était ministre de l’économie, pour favoriser le crédit à la consommation. Dans ce contexte, les Français ont puisé dans leurs économies. Le taux d’épargne, qui était encore supérieur à 17 %il y a quelques années, a baissé pour atteindre aujourd’hui 15,6 %.

« Bercy est très favorable à la poursuite de cet endettement des ménages, avec l’idée saugrenue que l’on aurait une marge de manoeuvre pour endetter nos ménages », regrette un dirigeant de la Banque de France, où l’on pointe que le nombre de dossiers présentés aux commissions de surendettement a plus que doublé entre 1995 et 2002, et qu’il a encore progressé de plus de 30 % entre 2002 et 2004. Dans son bulletin mensuel, l’institut d’émission se félicite de « l’absence, en France, d’un dispositif juridique d’hypothèque rechargeable », qui permet à un propriétaire endetté, au fur et à mesure qu’il rembourse son emprunt immobilier, de contracter de nouveaux emprunts, assis sur la valeur de son bien et non pas sur ses revenus.

Ce mécanisme, s’il devait voir le jour en France, affirme la Banque de France, aurait « un effet significatif sur la distribution du crédit, notamment en direction de populations qui en sont actuellement écartées ». Or, c’est justement ce que compte faire le gouvernement : il travaille à la mise en place, au printemps 2006, d’un prêt hypothécaire rechargeable (Le Monde du 27 décembre). « On s’expose à des chocs, en cas de retournement des prix de l’immobilier ou de hausse des taux d’intérêt », crainton à la Banque de France, qui cite l’exemple de la Hollande, où « l’éclatement de la bulle immobilière est à l’origine des mauvaises performances de la croissance ces dernières années ». « C’est pour cela que nous avons adopté une solution prudente, explique-t-on à Bercy, au fur et à mesure que l’emprunteur remboursera son crédit immobilier initial, il pourra souscrire à de nouveaux emprunts. Mais seulement à hauteur de ce qu’il a remboursé, pas à hauteur de ce que vaudra alors son bien. »

« La croissance française se fait à crédit, s’emporte un dirigeant de la Banque de France, ses moteurs ne sont pas sains. Elle est tirée par la consommation, tandis que les déséquilibres externes se sont gravement détériorés : nous sommes passés d’un excédent externe de plus de 2 % du produit intérieur brut (PIB), à notre entrée dans l’euro, à un déficit de même ampleur aujourd’hui.

Nombre d’économistes sont d’un avis contraire. C’est bien parce que la consommation est le moteur exclusif d’une croissance peu dynamique qu’il faut la soutenir, jugent-ils. Et ce, d’autant plus que plusieurs mécanismes de soutien à la consommation arrivent à expiration. « Les effets de richesse sur la consommation devraient s’estomper en raison de la stabilisation attendue du marché de l’immobilier », note ainsi Laure Maillard, économiste chez Ixis CIB. Les propriétaires, dont les biens se sont fortement valorisés ces dernières années, se sont sentis plus riches. Un effet purement psychologique qui les a poussés à dépenser plus.

Qui plus est, les mesures exceptionnelles, comme le déblocage anticipé des plans d’épargne salariale, ne devraient pas être reconduites. Enfin, l’harmonisation des smic, qu’avait rendue nécessaire la mise en place des 35 heures et qui s’était traduite par des hausses du salaire minimum, s’est achevée en 2005. « Aquelques mois des élections, le gouvernement devait faire quelque chose. Cela dit, alors qu’un rebond se dessine, ce n’est pas mal », estime Philippe d’Arvisenet, économiste à la BNP Paribas.

Qui met en garde : « Il ne faudrait pas que la hausse des achats de biens durables par crédit, que pourrait autoriser le prêt hypothécaire rechargeable, entraîne une hausse des importations de ces biens. » Dans ce cas, le surplus de consommation ne créerait pas de la croissance, au contraire. Au ministère de l’économie, on estime que la mise en place du prêt hypothécaire ne répond pas seulement à une logique conjoncturelle. Et ce, d’autant que l’accélération des salaires et la maîtrise de l’inflation gonflent le pouvoir d’achat des Français. Il a augmenté de 1,6 % en 2004 et devrait afficher une hausse de 1,9 % en 2005 et de plus de 2 % en 2006, selon l’Insee.

Plus fondamentalement, au ministère de l’économie, on considère qu’aujourd’hui, « les ménages ne profitent pas suffisamment de leur patrimoine. Et qu’un recours plus grand au crédit leur permettrait de mieux lisser leur consommation sur l’ensemble de leur vie ». Encore faudrait-il que les mentalités évoluent, dans un pays où le taux d’épargne est traditionnellement élevé et le recours au crédit limité. Et que les réseaux bancaires français,connus pour leur frilosité, soient un peu plus audacieux…

Tiré du Monde du 27 Déc05

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Commentaires
R
intéréssant ton article j'aime bien!
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